My Dead Bird

L’origine du projet.En 2009, Ariel Garcia Valdes, alors directeur de l’ENSAD de Montpellier me propose de donner un stage aux élèves et dans cette promotion, parmi ces élèves, il y avait Victoire Bélézy.J’étais alors en pleine recherche personnelle autour du clown, comme outil de travail de l’improvisation. J’essayais depuis quelques temps d’inventer ma propre façon de faire pour diriger des improvisations.Alors on est partis comme ça, de presque rien. On a commencé à faire des improvisations avec des règles précises. Et petit à petit à tâtons, ils ont fait naître des personnages. Allez savoir pourquoi, ils sont nés en parlant anglais avec un fort accent français.Mais ils n’en démordaient pas. Alors bon, ils se sont mis à vivre et à chanter comme ça, avec leurs multiples handicaps et c’était émouvant.C’est ainsi qu’est né Boucherie musicale.Et c’est aussi dans cette maternité de nouveaux nés étranges, qu’est née Little Frida, la petite fille sans âge, à l’oiseau mort. Aujourd’hui.Et aujourd’hui, voilà que lit tle Frida réapparait dans le désir de Victoire. Je suis heureuse de la retrouver parce que c’est un très beau personnage, émouvant, drôle et bien trash aussi, mine de rien. La fille cachée de Frida Kahlo, que sa mère aurait abandonnée au milieu d’une forêt d’animaux morts. Car c’est là son pays merveilleux. Nous avons cheminé en inventant son histoire au fil des improvisations, avec toute cette étrangeté qui la caractérise. Cette étrangeté qui est sans doute un mélange des deux nôtres.Nous avons gardé la rencontre originale de cette enfant clownesse avec un oiseau mort (une caille acheté chez le boucher en réalité) et nous avons tiré ce fil et accepté d’aller où il nous menait. Dit comme ça les choses semblent couler de source et se dérouler sans heurts. Pourtant, suivre cette logique absurde est une exigence de tous les instants. Qu’est-ce qui se passe maintenant ? Ne pas céder à une envie extérieure « j’aimerais qu’il se passe telle chose », mais se questionner sur où nous emmène à présent cet oiseau ? Cette rencontre ? Parfois on voudrait bien s’en débarrasser, mais même lorsque Frida finit par le manger, il reste cette carcasse… Et puis qu’est-ce que ça lui fait de manger son compagnon ? J’aime à penser que ce solo est extrêmement singulier, sale et hilarant et qu’il nous fait sans cesse hésiter entre le dégoût et le rire. Une horreur jouissive.Après le visionnage d’une étape de travail, quelqu’un nous a dit : « C’est un ovni ! ». J’aime beaucoup cette idée que la rencontre de nos deux univers et que cette logique absurde que nous tenons avec obstination, constitue un spectacle très personnel et inclassable.Un voyage guidé dans la tête d’une enfant folle. Marion Guerrero

Mise en scène: Marion Guerrero
Scénographie: Lise Mazeaud
Technique: Simon Demeslay
Jeu: Victoire Bélézy